La promenade

Publié le par hypos

Que reste-t-il de cette nuit ? En quoi est-elle différente de tant d'autres ? "Ferme la lumière s'il te plait", ne me regarde pas, laisse-moi seule, ne conserve que mon corps puisque lui seul t'importe. Caresse-le, malmène-le, découpe-le en morceaux choisis. J’ai laissé mon enveloppe dans tes draps, j’ai l’esprit ailleurs déjà.

Ton bras m'enlace, ta bouche me cherche, tu te plains de la distance qui nous sépare, tu te rapproches puis tu t'éloignes et sombres en quelques instants dans un sommeil satisfait. Je me soumets et je me tais. Je ne tremble plus, je ne te désire plus, ta peur a brisé la passion naissante, ne restent que des débris de plaisir, à peine de quoi jouir, plus rien pour rêver. J'observe, distancée, mes quelques illusions froissées et mes gestes réflexes et ma légère peine assourdie et mon brin de colère contenue.

C’est une question d’habitude. La peau moite, le souffle court, la main qui effleure, les yeux clos, les lèvres qui s’entrouvrent et le désir qui enfle et pour finir, ce va-et-vient dérisoire qui nous mène à l’apogée de l’insignifiance. Et le rien-dit. Entre les lignes duquel il n’y a rien à lire.

Dans la pénombre, je te regarde. Sans rancune et sans passion. Pareil aux autres. « J’ai peur d’aimer » m’as-tu dit. Moi, c’est l’inverse qui m’effraie.



"J'ai peur d'aimer. Je ne veux pas être amoureux. Je ne suis pas amoureux". Pareil aux autres ? Différent et pourtant si semblable. Et je t'en veux un peu d'avoir compliqué ce qui est normalement si simple. 




Image Chagall - La promenade

Publié dans L'enchaînée

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H
Je rajoute que malgré tout, j'ai trouvé cette peur ...hm... gonflante ;)
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H
C'est très dangereux Trub. J'en meure un peu plus à chaque fois.
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T
La peur n'évite pas le danger et aimer est-il dangereux ?
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