Desesperate housewife

Publié le par hypogée

Je me suis surprise dans une vidéo ; terrible rencontre de ce que je sais de moi et de ce que je vois . Tout est en ordre tel que je l’imaginais... et j’ai 50 ans, et rien n'est en ordre ...

Il est à qui ce visage à la mâchoire durcie? 

C’est le mien ? Non non non !!

Et pourtant si.

Il est à qui ce regard fuyant qui n’ose pas affronter la caméra?

A moi ? Non non non non !

Hélas si …

Je me découvre la mèche grise, le trait tiré, la voix altérée, et c’est moi ?

J’en reprendrais presque une cigarette... Je la cherche dans le paquet d’ailleurs. La trouve et l’enflamme.

Je sais que chaque bouffée me bouffe.

 

lune.jpgJe suis malheureuse ce soir. J’ai droit de pleurer ?  Eh bien je le prends ce droit ! Je le savoure ! J’emmerde le monde dans un cri de rage. Je pleure de ma solitude. Aaaah oui, mais toi tu as la chance ma « grande » - que je déteste ce mot plein de suffisance et de mépris – de vivre avec tes enfants qui t’aiment …

Qu’est ce que cet amour ? Qui sait ce que je vis, ce que je pense, ce que je ressens ?  Qui s’interroge sur le pourquoi de mes comportements ? La façon dont je remplis mes journées ? Ce que je pense et ressens ?

Pourra-t-on un jour enfin parler de la solitude de cette mère de famille – qui n'ai même plus admirable – qui fonctionne le jour et boit le soir ?

 

Et d’où me vient cette nécessaire ivresse mes filles ? Que signifie-t-elle ? Pourquoi bois-je ?

Suis-je à ce point faible qu’il me faille cet artifice de l’alcool pour m’inventer une vie supportable ?

Je ne suis rien d’autre que moi enfermée dans divers rôles.

Je rêve - au sens littéral du terme - d’en finir avec ces faux-semblants. Je m’y complais pourtant, à chaque fois enthousiasmée par de nouveaux projets, à chaque fois déçue.

Serai-je jamais sereine malgré le travail que je fais sur moi ? Jamais, non, j’en ai bien peur. Et si je n’avais raté ce suicide à 30 ans, serais-je  mieux armée aujourd’hui pour en finir ?

J’étais, à 30 ans, incapable de savoir que la vie pouvait offrir de beaux lendemains aux jours de noirceur. J’avais le courage des inconscients, celui d’avaler une plaquette de bétabloquants, ravie d’en finir car j’ignorais que la vie apporte chaque jour son lot de petits bonheurs.

 

Hélas, je n’ai plus l’ignorance de mes 30 ans et, que mon visage fané me fasse peur, que mon amour illusoire me montre  son vrai visage, que mes enfants me trahissent, que le monde me semble une vaste mascarade… « Tout » n’y change rien, j’ai appris que Madame la Vie nous réserve toujours des surprises heureuses et que s’en priver serait la pire des choses.  Je suis à la fois trop âgée et trop jeune pour en finir.  Je suis de cet entre-deux qui me laisse encore espérer malgré les coups et la fatigue et cet autre moi que je ne reconnais pas mais qui est moi aujourd’hui

Alors je bois, j’écris et je gage que demain sera un jour meilleur…...

 


Publié dans Monologues

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